Duel au soleil pour les ENR
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Par ALEXANDRE LÉCHENET
Avec AURORE GORIUS et PAUL DE VILLEPIN
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— À l’ombre du Syndicat des énergies renouvelables, les nouvelles ambitions de France Renouvelables.
— Consigne plastique : Béchu veut pousser (un peu) le bouchon.
— Le site qui fait la transparence sur les conflits d’intérêts médicaux s’offre un lifting.
Bonjour à toutes et à tous, dépêchez-vous si vous thésaurisez l’argent qui apparaît chaque mois sur votre carte titres-restaurant. Les assouplissements sur son usage consentis après la crise sanitaire vont prendre fin le 31 décembre. Le plafond va redescendre à 19 euros, et il ne sera plus possible de faire toutes ses courses avec.
C’est tautologique, “le titre-restaurant s’est fait de façon historique pour aller au restaurant”, rappelle le président de la branche parisienne de l’UMIH. Votre infolettre hume une prochaine polémique sur le sujet, puisqu’à droite comme à gauche, dans un contexte d’inflation, la fin des courses avec les tickets resto fait tache.
DUEL AU SOLEIL. En élargissant son périmètre d’action au-delà de la seule énergie éolienne, France Renouvelables marche sur les pâles du Syndicat des énergies renouvelables (SER). En septembre dernier, France Energie Eolienne a en effet changé de nom, et a décidé de représenter l’intégralité du système électrique, de la production au stockage en passant par sa flexibilité, pour garantir sa stabilité.
Cette ville est trop petite pour deux. Alors que la production d’énergies renouvelables doit accélérer, cette concurrence interroge. “Il n’y a pas assez d’énergies renouvelables en France pour avoir deux assos représentatives”, nous confiait un lobbyiste œuvrant chez un électricien étranger. “Ne pas avoir un front mobilisé, ce n’est pas une bonne nouvelle”, m’a également confié un acteur du secteur, ancien administrateur de France Energie Eolienne.
Le SER vénère. “Je n’avais pas compris que le sujet éolien était arrivé à un niveau tel qu’il n’avait plus besoin d’un syndicat dédié”, ironise Jules Nyssen, patron du SER depuis un an, en référence au périmètre nouvellement élargi de l’organisation. Pour en savoir plus sur ce duel, vous pouvez retrouver lire mon article ici.
Pour les plus geeks, votre infolettre a exploré le répertoire des lobbies de la HATVP à la recherche des affiliations des différentes entreprises et mis le résultat dans un beau graphe — qui n’est cependant pas exhaustif. Il permet de visualiser les adhésions (parfois multiples) déclarées au Syndicat des énergies renouvelables, à France Renouvelables, mais aussi à Enerplan, qui regroupe des acteurs de la filière photovoltaïque, ou France Hydro Electricité.
FIN DU SUSPENSE. L’Etat et EDF ont longtemps cherché le juste prix de vente de l’électricité produite par le nucléaire dans les prochaines années. Visiblement, ils ont trouvé : Bruno Le Maire et Agnès Pannier-Runacher organisent ce matin une conférence de presse sur le sujet, en compagnie du patron de l’entreprise publique, Luc Rémont. En attendant, Les Echos dévoilent quelques contours du deal.
JEU DE LA BOUTEILLE. Les assos de collectivités repartent en toupie et vont le faire savoir. Alors qu’elles pensaient la consigne pour les bouteilles plastiques complètement enterrée, une consultation du ministère de la Transition écologique laisse penser que l’idée n’est pas morte. Le projet d’arrêté prévoit la rédaction d’une étude sur “la mise en œuvre éventuelle d’un dispositif de consigne pour recyclage des bouteilles plastiques”.
Elles se sont réjouies trop vite, mais les collectivités étaient pourtant prévenues. Le 27 septembre, lors des Assises des déchets, lorsque Christophe Béchu a annoncé que la consigne généralisée ne serait pas mise en place, il avait déjà signalé que des “études sur la consigne, et sa potentielle régionalisation” seraient maintenues, “car si nous restions en retard [par rapport aux objectifs de recyclage], la question de sa mise en place se poserait forcément”.
La consigne : pas de consigne. “Il faut chercher tous les leviers qui existent”, dont la consigne plastique pour atteindre les objectifs fixés, nous explique un lobbyiste du secteur. Mais les collectivités pensent qu’elles ont moyen de faire sans, et avaient exposé leurs propositions au printemps dernier.
Interlude. Votre infolettre ne résiste pas au plaisir de vous partager une vidéo, sans savoir si elle démontre toute la pertinence de cette consigne pour les bouteilles en plastique, ou sa démesure.
BIENTÔT À LA UNE. Rassurez-vous, la mission flash sur les ingérences dans les médias n’est pas tombée aux oubliettes. L’initiative de Laurent Esquenet-Goxes (Modem), dont nous vous parlions au milieu de l’été, a simplement pris du retard. Sa mise sur pied devrait bien être actée lors du prochain bureau de la commission des Affaires culturelles. C’est en tout cas ce qu’a indiqué le député la semaine dernière lors d’une audition devant les Etats généraux de l’information.
Le but de cette mission, pensée comme un prolongement de la commission d’enquête sur les ingérences étrangères, est d’aller au-delà de l’affaire M’Barki sur BFMTV, afin de déterminer s’il s’agit d’un sujet plus vaste ou d’un épiphénomène. “J’ai déjà reçu plusieurs appels de journalistes qui avaient des choses à me dire”, a-t-il teasé jeudi.
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OPÉRATION LIFTING. Euros for Docs, qui aide à naviguer dans les déclarations d’intérêts des médecins français, fait peau neuve. Selon ses créateurs, leur outil “ne devrait pas être nécessaire si le site public était bien fait”, mais celui-ci présente de nombreuses limites, avec une recherche imparfaite ou différentes filiales éparpillées sans être reliées avec leur maison-mère. Tout cela est permis par Euros for Docs.
Tous publics. Les créateurs se félicitent que leur site ait séduit non seulement des journalistes mais aussi des administrations. Ils comptent parmi leurs utilisateurs la DGCCRF, la Haute autorité de santé ou encore la Cour des comptes.
Sunshine Act. Ça fait dix ans que les médecins doivent déclarer leurs liens avec les laboratoires pharmaceutiques. Inspirée de la réglementation américaine, la mesure avait été votée dans la foulée de l’affaire du Mediator. Un portail consacré (transparence.sante.gouv.fr) permet de consulter toutes ces déclarations d’intérêts de manière rudimentaire, où l’essentiel est parfois noyé par les infos sur les sandwichs offerts lors d’un congrès.
Dans les archives : la Cour des comptes regrettait déjà en 2016 qu’il soit “quasiment impossible, sauf à ressaisir toutes les données, d’avoir une vision globale du contenu du site”.
AGAIN AND AGAIN. Et de dix-sept en dix-huit mois pour Elisabeth Borne. Hier, la Première ministre a déclenché un nouveau 49.3 pour faire adopter, sans vote, la loi de programmation des finances publiques 2023-2027.
La routine. De voyage officiel en Irlande, Elisabeth Borne était absente — elle s’est fait remplacer par Franck Riester, chargé des Relations avec le Parlement. Une première depuis 1991 : les Premiers ministres, d’ordinaire, sont présents pour engager la responsabilité de leur gouvernement.
Economies à gogo. Dans cette loi de programmation, Bercy table sur 12 milliards d’économies par an entre 2025 et 2027 pour passer sous la barre des 3% du PIB côté déficit. Et cette fois, il n’y a plus aucun bouclier énergétique à supprimer… Selon Les Echos, des lettres de mission vont partir dès cette semaine vers les inspections administratives pour mener des audits de la dépense publique.
— EDF et l’Etat s’entendent sur le prix de référence du nucléaire (Les Echos)
— Entre pluie de 49.3 et rafales de motions de censure, les députés face à la nouvelle donne de l’automne budgétaire (LCP)
— Député et clientéliste : l’Assemblée a trouvé son nouveau héraut (Mediapart)
— Pourquoi les start-up sont confrontées à la frilosité des investisseurs (Le Monde)
Anne-Isabelle Etienvre, jusque-là conseillère au cabinet de la ministre de l’Enseignement et de la Recherche, a été nommée directrice de la recherche fondamentale au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), en remplacement d’Elsa Cortijo.
Constance Azaïs devient déléguée aux affaires publiques de la Fédération Syntec.
David Lauvray, ancien collaborateur parlementaire de Lionel Causse, devient responsable des relations institutionnelles du Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (METI).
Un grand merci : aux rayons de soleil Elisa Bertholomey, Taylor Swift, et notre éditeur Jason Wiels.