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TikTok modère, les think tanks galèrent

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Notre newsletter quotidienne sur les enjeux de lobbying et de transparence en France.

Par ALEXANDRE LÉCHENET

Avec OCÉANE HERRERO et PAUL DE VILLEPIN

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— L’Elysée donne un bon point à la modération de TikTok.

— Les think tanks vantent leur utilité pour soutirer plus de sous de l’Etat.

— Le Medef embarque en nombre dans l’Eurostar vers Bruxelles.

Bonjour à toutes et à tous, à quelques jours du début de la COP28, qui se déroule à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre, les journalistes ont été prévenus : pas question “d’offenser” les Emirats arabes unis. Interrogé sur le sujet par nos collègues, un porte-parole émirati a rétropédalé et indiqué que cette COP serait finalement “la plus inclusive de tous les temps” ! N’hésitez pas à vous inscrire à Global Playbook pour ne rien rater.

En attendant la COP, un autre événement a lieu ce mois-ci : le premier anniversaire de la version quotidienne de Paris Influ. Si vous voulez faire bénéficier pendant une semaine de nos bons tuyaux à vos collègues ou homologues, partagez ce lien.

DEMANDE D’AJOUT. En un an, le ton à bien changé. En ouverture du 5e sommet de l’Appel de Christchurch, Emmanuel Macron a pris la parole vendredi pour louer les efforts de modération de… TikTok.

Emulation. “TikTok n’est pas là autour de la table parce qu’on doit clarifier des statuts, mais ils ont déjà 687 [modérateurs]. Je le dis pour créer de la compétition, de la bonne compétition”, a fait valoir le président français, à propos de cette application qu’il taclait en décembre dernier comme d’une “naïveté confondante”. 

ReToké. L’entreprise d’origine chinoise n’est à ce stade pas membre de ce rendez-vous annuel qui vise à lutter contre les contenus terroristes. Selon plusieurs sources au fait du sommet interrogées par ma collègue Océane Herrero, TikTok a soumis un dossier d’adhésion, mais celui-ci a été refusé.

L’entreprise espère désormais pouvoir compter sur l’appui de Paris. Son patron Shou Zi Chew a rencontré jeudi dernier le président. Il siégeait également à la table présidentielle mercredi pour le dîner du Forum de Paris sur la Paix, selon plusieurs convives. 

Le président a aussi donné un coup de griffe à Meta et Google : “Le fait qu’aucun top manager n’ait été disponible ni à New York en septembre ni ici à Paris, ça veut dire qu’ils ne veulent plus jouer.” “L’Elysée voulait que des CEO soient autour de la table pour pouvoir prendre des engagements oraux, or les entreprises ont proposé des sous-directeurs”, précise une source gouvernementale.

Une exception a néanmoins été faite pour X, représentée en la personne de Nick Pickles, responsable global des affaires publiques.

RÉSERVOIR À MOITIÉ VIDE. Les financements publics des think tanks sont “limités, et en baisse régulière ces dernières années, du fait du désengagement de la sphère privée et publique”, déplorent dans une tribune publiée vendredi des chercheurs et différents dirigeants de laboratoires d’idées.

Cercle vertueux. Un meilleur soutien de l’Etat “encouragerait les acteurs privés en France à se réengager dans le soutien à cet écosystème précieux”, veulent-ils croire. Ils déplorent : un manque de structuration des aides, une difficulté d’accès aux fonds européens, voire un risque d’ingérences étrangères.

Parmi les labos à bénéficier d’un financement public en 2022, on trouve dans le jaune budgétaire ad hoc : la Fondation Jean Jaurès (1,4 million d’euros), la Fondapol (environ 1 million d’euros), Terra Nova (230 000 euros), la Fondation Robert Schuman (645 000 euros), l’Institut Jacques Delors (635 000 euros) ou encore l’Institut Montaigne (24 000 euros).

Pas très démocratique. “Ces sommes sont réparties, sans consultation préalable du Parlement, de manière purement discrétionnaire”, commentent les signataires de la tribune. “Si tu es un-e habitué-e et que tu connais le videur (en l’occurrence le cabinet du Premier ministre), tu rentres. Sinon, tu ne rentres pas”, métaphorise Guillaume Kerlero de Rosbo, un des dirigeants de l’Institut Rousseau.

MEDEF DÉLOCALISÉ. “C’est l’économie française qui se déplace à Bruxelles”, rien que ça ! Voilà comment Fabrice Le Saché, le vice-président du Medef chargé de l’Europe, nous vend l’événement qui se tient ce matin outre-Quiévrain. Le conseil exécutif du lobby patronal, soit grosso modo une cinquantaine de têtes de pont, pose ses valises Place de Louvain, au siège de la Représentation permanente de la France auprès de l’UE, pour la présentation du plan d’influence européen du patronat français. 

“C’est la reprise en main, le renforcement, de notre influence en Europe et de nos capacités d’action”, teasait Fabrice Le Saché au téléphone avec votre infolettre. Ce fidèle de Patrick Martin, déjà porte-parole de l’orga sous Geoffroy Roux de Bézieux, a pour mission de permettre aux entreprises tricolores de mieux ”anticiper et influencer les réglementations”.

Dans sa besace : une augmentation du nombre de cerveaux sur place, davantage de diplomatie économique, plus de moyens pour être “visible et entendu”, via des évènements et des actions de communication. 

Geste à la parole. À six mois du renouvellement du Parlement européen, le déplacement est censé acter le début de l’expansion européenne du Medef, l’un des principaux axes du programme de Patrick Martin, élu en juillet. Durant sa campagne, le chef d’entreprise rhônalpin a souvent fustigé “le délire normatif” européen et rappelé le “déséquilibre” auquel les 500 lobbyistes patronaux seraient confrontés face aux 5000 lobbyistes d’ONG.

TEL EST PRIX… qui croyait prendre. Prêt à prélever une partie seulement des revenus excédentaires des producteurs d’électricité renouvelable à l’été 2022, le gouvernement s’apprête maintenant à tout siphonner, à la suite d’un recours déposé par l’association France Renouvelables devant le Conseil constitutionnel. Un amendement a été déposé en ce sens, et conservé dans le volet dépenses du budget post-49.3. 

Les règles du jeu : les producteurs reçoivent une prime lorsque le prix de l’électricité est inférieur à un seuil de référence fixé pour garantir la rentabilité de leurs projets, dans le cadre des “contrats de complément de rémunération”. A l’inverse, lorsque le prix de marché dépasse ce seuil, ce sont les producteurs qui doivent rendre une partie de l’argent.

Effet d’aubaine. Dans le budget rectificatif de l’été 2022, et alors que les prix de l’électricité sont très élevés, le gouvernement avait alors souhaité déplafonner les seuils pour “éviter des effets de rente” selon Bruno Le Maire devant les députés

Censure en bois. Le dispositif imaginait à l’époque est un brin complexe, et ne passe pas le Conseil constitutionnel, parce que le calcul de la part déplafonnée aurait dû être prévu par les députés eux-mêmes et non dans un texte réglementaire. Sur le fond, en revanche, les Sages ne voient pas de problème à la mesure, permettant à l’Etat de réclamer cette fois-ci l’intégralité de la somme, avec un effet rétroactif au 1er janvier 2022.

En travers de la gorge. “Comme ils ne l’ont censuré que pour un problème de forme, ils ont repris un truc rétroactif et bien plus raide”, se désole un lobbyiste du secteur, estimant que ce n’était pas une bonne idée de contester la mesure. “La décision de modifier unilatéralement et rétroactivement les termes des contrats d’obligation d’achat remet en cause la confiance que les producteurs et investisseurs peuvent ou non témoigner aux engagements de l’Etat”, regrette de son côté l’avocat Arnaud Gossement.

— Trottinettes à Marseille : les factures jamais envoyées, les opérateurs n’ont pas payé la redevance (La Provence)

— La corruption de basse intensité : comment des agents du service public cèdent aux sirènes de l’argent (France Info)

La rumeur d’une arrivée chez Publicis avait couru, c’est finalement chez Tilder qu’atterrit Marlène Schiappa, ancienne secrétaire d’Etat chargée de l’Economie sociale et solidaire jusqu’au remaniement de juillet dernier. Parmi ses associés, Tilder compte Jean-Marie Bockel, ancien secrétaire d’Etat pendant le mandat présidentiel de Nicolas Sarkozy. Et, à son advisory board, Pierre Gattaz, ancien président du Medef, ou Michel Sapin, ancien ministre des Finances.

Louis de Cacqueray, consultant en affaires publiques chez Taddeo, devient conseiller du groupe LR à l’Assemblée nationale, chargé de la commission des Lois.

LES RENDEZ-VOUS DE LA SEMAINE

Lundi 13 novembre. Début du Comité intergouvernemental de négociation sur la pollution plastique au Kenya jusqu’au 19 novembre … Les rencontres du financement des industries innovantes, organisées par la Direction générale des entreprises … Remise à Agnès Pannier-Runacher et Clément Beaune de l’étude du WWF sur la voiture électrique.

Mardi 14 novembre. Auditions de Bruno Le Maire puis Marc Fesneau par la commission des Affaires économiques du Sénat … Audition de dirigeants de l’AFP au sujet de la guerre Israël-Hamas par la commission Culture du Sénat. 

Mercredi 15 novembre. Visite d’Etat d’Emmanuel Macron en Suisse … Audition d’Agnès Pannier-Runacher par la commission des Affaires économiques du Sénat.

Jeudi 16 novembre. Décision du tribunal administratif sur l’agrément d’Anticor … Audition de Marc Fesneau et Stéphane Le Foll par la commission d’enquête sur les objectifs en matière de réduction de pesticides … Réexamen par la Commission européenne de la réautorisation du glyphosate.

Vendredi 16 novembre. Deuxième édition des “Rencontres de Saint-Denis”.

PIT STOP. Pour préciser ce que nous écrivions vendredi, le député Christophe Naegelen (Liot) ne s’est pas rendu au Qatar pour assister au Grand prix de Formule 1 ; il a assisté aux essais de l’événement automobile alors qu’il effectuait une visite au Qatar dans le cadre d’une rencontre avec des parlementaires qataris.

Un grand merci à : Aurore Gorius et notre éditeur Jason Wiels.

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